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précarité [2] : les artistes ont la forme

Dans la suite de précarité ou l’accident d’un modèle j’ai choisi de vous parler de luxe. Oui ce luxe qui permet à des gens comme moi de penser la précarité sans grand risque. Certains ont décidé de la placer sous le thème de l’humour, de la dérision, du cynisme, pour mieux nous montrer certaines absurdités. Nous mettre le doigt dans l’oeil.

Michael Rakowitz :

P (LOT) - Michael RakowitzP (LOT) - Michael Rakowitz
P (LOT) - Michael Rakowitz

J’adore 🙂

Autre point de vue

Même si l’artiste ci-dessous ne travaille pas sur l’habitat précaire, je prend le parti de présenter une pièce qui évoque pour moi l’accident et la précarité comme une solution à l’espace :

TopographieLaurent Perbos

Topographie - Laurent PERBOS
topographie - Laurent Perbostopographie - Laurent Perbos

« Même si l’on peut retrouver des vestiges d’anciens processus formels, par exemple une déclinaison de la table de ping-pong ou du terrain de tennis, la forme s’ouvre sur un paysage qui détermine une sorte de vallon. Le regard peut se promener sur les courbes de niveaux de cette topographie, des pieds du visiteur jusqu’à la hauteur des yeux. Pour l’artiste, c’est le dessus de la structure qui est la base de la proposition.
Cette topographie n’est ni une maquette à grande Èchelle, ni la représentation d’un espace,
c’est vraiment un espace qui est déplacé. »
Lise guéhénneux.

Avec des formes et matériaux simples nous pouvons envisager des réponses poètiques, qui enrichissent l’homme, surtout le plus faible. Que le luxe n’est pas la matière mais la façon d’envisager son espace et son être. Comment penser l’habitat sans penser l’environnement.

-Mon luxe à moi : anecdote
http://www.bout-de-papier.eu/
origine de la photo : bout de papier

Lorsque j’étais étudiant, ben j’avais pas de moyen, ça va de soi. Quelques jours sans un kopeck ça change la donne. J’habitais une petite chambre à St Michel en plein coeur de Paris (merci encore à cette propriétaire qui avait bien compris le sens d’équitable avant la lettre). Je faisais la vaisselle dans ma douche, le reste était pris par mon lit. Bref une chambre d’étudiant plein les dents. Tout ça pour dire, que mon habitat n’était pas circonscrit à ces quelques mètres carrés bien sûr, mais bien au-delà. Mon luxe était d’avoir tout le quartier pour moi. J’étais bien plus riche que la voisine du dessous avec ces 100 mètres carrés. Mes petits déjeuners je les prenais dehors sur le bord de Seine face à Notre Dame (viennoiserie toute fraîche de la boulangerie, et café à emporté du bistro d’à côté). J’avais la plus belle cuisine du monde. Le soir je pouvais inviter autant de gens que je voulais à mes apéros sur le bord de l’eau. Sous le coucher du soleil mon salon était dés plus spacieux, l’écran était géant. L’après midi je faisais la sieste sous l’arbre le plus vieux de Paris (square de Saint Julien le Pauvre), quel luxe d’avoir un jardin en plein paris. Les peu de mètres carré de ma chambre s’étaient transformés en un quartier aux pièces uniques. J’étais heureux de ma précarité, parce que mon habitat était un environnement territoire.

Voilà maintenant que nous y sommes : l’espace commence dedans. Et c’est dans ce dénuement que l’on peut s’habiter. Le dénuement n’est pas nécessairement la pauvreté, qui est une précarité non voulue, qui n’est surtout pas une économie, comme certain le laisse penser. Je parle ici du luxe de la précarité, celui qui fait grandir, qui élargit notre propre horizon et pas celui qui nous fait raleur. Mais bien celui qui nous ramène à l’enfance, au rire et à la rêverie. Ce luxe qui nous permet de voyager sans bouger.

Boris Achour nous donne quelques pistes d’amusement.

Sommes-1999
sommes - boris achour

Voilà donc des pistes pour s’alléger … à suivre