fabriquer des nuages [2]

Pour continuer sur le thème du nuage.
Forme à la mode on dirait. Franck Gehry qui nous avait habitués aux nuageux orages de ces architectures métalliques écrit une ligne supplémentaire à son registre.

Aujourd’hui LVMH (grand mécène de l’art) lui commande un joyau, un diamant pour le couronnement du luxe. Ce que l’on prenait chez Gehry pour des carapaces, tel un tatou géant, s’élève vers de nouveaux horizons. Et si ces formes n’étaient en sommes, depuis le début que des nuages. Où l’on entendrait claquer en signe d’orage les tôles d’un trucage sonore ?

Mais la pluie est passée et maintenant le nuage lourd et inquiétant laisse place à des volutes blanches. Tel un coton, où l’artiste, d’une position confortable, n’a plus qu’à exprimer son art.

dossier de presse du pavillon de l’arsenal

Bijoux d’art, nuage de protection, les choses rares s’effacent dans un reflet blanc et transparent. Tel un brume qui nous permet de commencer à voir. Nuage de perception.

On est loin, à mille lieux au-dessus, du mauvais goût de Dubaï avec son projet de cité céleste. Nuage stylisé, qui plairait temps aux enfants mais qui n’en ai pas moins une prétention d’une sur-humanité élevée à la cité des dieux. Dubaï – d’où bye bye !

Cette sorte d’île aux enfants colossale, pour prouver quoi ? Que le nuage de Dubaï peut pisser plus loin que les autres ? Bref ! ça reste amusant quand même. Comme tout concours de quequettes n’est ce pas ? Mais bon je préfère re-garder les nuages comme des forces inatteignables que seul la sensibilité, l’humilité et la patience permettent de nous effleurer.

Gilles Clément nous parle du nuage comme forme (qui a ses contours) qui contient ( de l’eau, des résidus, de l’énergie) mais que l’on peut traverser sans même en connaître les limites. Sorte d’enchevêtrement de goulettes d’eaux sans cesse en mouvement, en perpétuels déséquilibres, se reconstituent tour à tour en direction du ciel. Echafaudage instable et lourd comme une forêt et léger comme un souffle.

Arne Quinze (designer) lui garde la tête dans les nuages. Nuages précaires de bois, échafaudage d’allumettes. Enchevêtrement, tissage de bâtonnets. Charpente fractale. Ardente construction. Voûte céleste qui ferait chavirer n’importe quelle église.

pour en savoir plus sur son travail, rendez vous sur le superbe site Dezeen design Magazine : Arne Quinze

(à suivre)

fabriquer des nuages

Quand vient l’hiver on s’amuse à souffler dans l’air notre chaleur, faisant naître ainsi d’éphémères nuages.
Enfant on les admire, on les observe, rêveur, refuge des cancres, en forme de rencontre : à la fois singe, à la fois monstre, ou sourire; ils habitent nos souvenirs comme ils habitent le ciel en doux présages. Doux ? pas toujours. Perçus dans les villes comme signe de mauvais temps, ou comme faux nuages (celui de la pollution), signe de pluie, ou signe d’orage, de neige, de dommage, ou de bon augure, ils sont partout. Au dessus de nous, ou nous dedans, ils peuvent mesurer des milliers de kilometres, il peuvent faire peur de leurs moindre grondements, energie terrible, ou calme absolu … j’aimerai fabriquer des nuages.

Pendant ce temps les chinois manipulent ces masses d’energies naturelles.
Il leur est venu à l’idée pour une meilleur maitrise météorologique en vue des Jeux Olympiques de déclencher à souhait la pluie hors zone critique… C’est ce qu’ils appellent le projet « temps garantie » :

« Des scientifiques chinois du climat auraient ainsi envoyé en l’air, le 6 mai dernier, 163 bâtons d’iodure d’argent de 10 cm chacun pour provoquer la pluie la plus importante de l’année sur Beijing.

(…) la Chine affirme pouvoir aussi empêcher les précipitations. Une technique qu’elle développerait pour assurer un climat idéal aux Jeux Olympiques de 2008.

(…) La Chine n’est pas le seul pays à effectuer des recherches dans ce domaine. USA, pays du Maghreb, Russie, Japon, de nombreux pays se vantent de leurs avancées technologiques en la matière. Pour les scientifiques : « faire ou défaire la pluie » est réalisable.  »
source :aujourdhuilachine.com

Nous devrions être content non ? Comme le dis Gilles Clément dans son livre sur les nuages. Pour nous citadins, urbains, société de loisir et de consommation, quand il fait fait beau c’est qu’il n’y pas de nuages ! Hors pour un agriculteur, un paysan, pour un peuple du desert, pour la vie … on ne peut pas dire la même chose hein ?

et bien pendant que la chine s’amuse avec ses nuages (qui sont un peu les notres aussi) en les détruisant pour créer de la pluie, une société allemande IfT, elle, s’emploie à créer le premier nuage artificiel. Pour l’instant il est dit que : « Le IfT a été fondé en 1992 pour étudier les processus physiques et chimiques dans la couche d’air proche de la surface, appelée troposphère. »

Artiste et scientifique se réunisse sur cette magie noire ou rêve d’enfant : Blur – Le nuage d’Yverdon

« 700 tonnes d’aciers sur pilotis, des milliers de buses d’une grande fragilité assurant la magie de l’icone de l’arteplage d’Yverdon. Cette réalisation est le fruit d’une collaboration technologique internationale de haut niveau. »

pour en savoir plus sur ce projet ici

et là

Mais alors ces nuages ne sont plus vraiment du domaine de l’imaginaire, de la légèretè, de l’éphémère ? Non peut être pas même si le nuage fait toujours rêver, inspire, insuffle, nous façonne. Il possible encore de garder la tête dans les nuages :

1) un nuage est fait d’eau : AquaSpace – Fujiki Studio

2) il est aussi chaleur translucide : Cristo – Warpped trees

3) il est aussi phénomène : Olafur Eliasson – Beauty

4) mais énergie destructrice :

5) et puis c’est beau

vous trouverez une petite selection de livre sur les nuages

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lire les nuages

Plusieurs livres sur les nuages

Le guide du chasseur de nuages ( Gavin Pretor-Pinney )

En vente sur amazone

extrait : « Nous pensons que les nuages parlent aux rêveurs et que l’âme s’enrichit à les contempler. En vérité, ceux qui s’abandonnent aux évocations suscitées par leurs formes feront l’économie d’une psychanalyse. Et nous déclarons donc à qui veut l’entendre : Lève les yeux, émerveille-toi de l’éphémère beauté, et vis ta vie la tête dans les nuages.  »

Nuages (Gilles Clément)

En vente aux éditions Bayard

Présentation :

« Nuages est un journal de bord tenu entre Le Havre et Valparaiso, du 18 septembre au 18 octobre 2004. Nuages aborde les relations entretenues entre le jardinier et le ciel des météores. De tous les phénomènes agissant sur la nature, la météorologie demeure le plus insaisissable, celui que l’homme, en dépit de ses tentatives, ne parvient pas à orienter à sa guise. Il est aussi celui qui façonne les climats, les flores, les paysages. » Gilles Clément est jardinier et écrivain. Il a créé de nombreux jardins et une grande exposition autour du jardin planétaire en 1999.