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la marche : une politique de pied

« La trajectoire est la ligne décrite par n’importe quel point d’un objet en mouvement, et notamment par son centre de gravité. » [wikipedia]


Qui n’a jamais cherché le terme d’un chemin ?
On connaît le point de départ, mais rarement le point d’arrivée. Pour le marcheur il n’y a pas de point B. Le point But n’est que la chute qu’on lui donne : Je n’irai pas plus loin, je suis bien là.

J’ai toujours, été frustré, de me rendre compte que je ne pouvais pas marcher jusqu’au but que je m’étais fixer, sans en faire ma vie. Et c’est bien ça, en faire sa vie. Le bout du sentier, à l’ombre des arbres, à l’horizon, vers des sommets, derrière des océans d’imaginaire, c’est là que les pas s’enchaînent sans percer le mystère.

Le mystère est en nous, l’horizon c’est nous, le but est la marche : se sentir vibrer, malmener, chahuter, secouer, rythmer par la marche.

John Muir - Quinze cents kilomètres à pied- ed José Corti

St Jacque de Compostelle – La Mecque

La marche a toujours été un mouvement vers soi. Une étape au recueillement. La projection de soi en soi. Un retour. Un mouvement concentrique. Les pèlerins l’ont bien compris. Que cela soit Saint Jacques de Compostelle ou La Mecque, la marche fait partie de ce dénuement là, où le marcheur est identique à l’autre comme ses pieds.

purification

La vitesse d’accélération d’aujourd’hui transforme notre Pèlerin en un Forest Gump agité.
Rien qu’à voir notre Forest National qui montre sa contemporanéité par le jogging ! Mr Sarkozy à fait de la course un mode politique. Contrairement au vrai Forest Gump, celui ci est bien plus agité. Forest lui coure pour ne plus accepter un monde violent, absurde… et traverse les Etats Unis pour se retrouver. Il coure pour ne pas se dire qu’il pense.

forest gumpjogging sarkozy

Notre bipbip le coyote national a bien compris, la course est politique. Il sait que pour ses opposants c’est la marche. Comme on a pu le voir ‘la marche pour la décroissance’ est aux antipodes. Préconisant aisni la lenteur, le recul, la décroissance, et place son mouvement autrement sur les chemins de l’avenir. Le lièvre et la tortue se tire la bourre ? Non y a que le lièvre qui court …

la volonté de paresse

Le marcheur est celui qui est lent, la tortue quoi. Le marcheur préconise ‘le droit à la lenteur’.
La vitesse de libération doit être celle-ci. Celle du temps. Le temps est infini dans sa lenteur.
Il est épais, étirable, profond. La lenteur me permet d’être au monde sans m’être étranger.
La lenteur me faire être à ce que je suis. Marcher ouvre les yeux. La perception est tout autre.
La perception a sa place, car elle a le temps.

nacho allegre
photo de nacho alegre

Le temps du regard, le temps de la perception, le temps pour soi.
Transformant ainsi le paysage en un vaste tableau immuable, où ne défile que quelques proximités. Chaque pas peut être une découverte. Transformant ainsi l’horizon en un oula-hop ralenti

oulahop - cerceau

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Quinze cents kilomètres à pied à travers l’Amérique profonde : 1867-1869

John Muir - Quinze cents kilomètres à pied- ed José Corti

> John Muir sur Wikipédia 

> en vente sur amazone

Présentation de l’éditeur
 » John Muir – Planète Terre – Univers  » tels sont les mots inscrits sur la face intérieure de la couverture du carnet de route dont est issu ce volume. Ils reflètent l’état d’esprit dans lequel son auteur entreprit sa marche de quinze cents kilomètres en direction du golfe du Mexique, via le Kentucky, en 1867. Il s’agit là, de loin, de la plus longue excursion botanique que John Muir ait faite au cours de sa jeunesse. Sa pérégrination a lieu dans une Amérique sauvage dans les deux acceptions du terme : des pans immenses de territoire sont intouchés par l’homme dans le même temps où les soubresauts de l’histoire – la guerre de Sécession vient de s’achever – rend les routes incertaines. Les conditions sont donc rudes, les rencontres aléatoires, mais le naturaliste reste ferme sur ses jambes, et prend les étoiles pour couverture. Mi-naturaliste (il note, classe, repère les espèces endémiques), mi-prophète, toujours en extase devant la  » wilderness « , son amour de la nature est une véritable religion et ses rares incursions dans les villes (il n’entrera même pas dans New York lors d’un transit entre la Floride et Cuba) sont purement fonctionnelles.  » Souvent, il me fallait coucher dehors sans couverture, mais aussi sans souper ni déjeuner. Pourtant, je n’avais d’ordinaire guère de difficulté à trouver une miche de pain dans les clairières largement espacées les unes des autres où étaient installés les fermiers. Muni de l’un de ces gros pains de la forêt, j’étais capable de vagabonder durant des kilomètres au sein de la nature sauvage, libre comme les vents dans les bois radieux.  »

pour en savoir plus rendez vous sur le site éditeur : José Corti

Ce livre rejoint le thème du marcheur. Celui dont le temps est étrangement différent. La nature ralentit les choses.  Et pourtant ce texte reste très actuel. Les méditations de John Muir pourraient être datées d’aujourd’hui que ça ne changerait rien. Le temps est ralenti, le temps est passé, mais il est encore là, non fini. Il s’étend à aujourd’hui tel une membrane élastique nous englobant dans notre marche et notre démarche.
Je reviendrai dans un prochain billet sur le thème du marcheur qui  me semble une belle alternative  aujourd’hui  (je ne fais pas référence au sportif randonneur … bien sûr).   Voici  un petit aperçu de ce qu’à pu dire  Michel Polac dans  Charlie Hebdo :

« Muir, c’est le héros des écologistes américains; les Parc Nationaux, c’est lui, et sans lui, les sequoias géants du Yosemite Park auraient été débités en allumettes par les cyniques héros de la libre entreprise. lisez tous les détails »

Un passage du livre (parmis tant d’autres) :

« On nous dit que les plantes sont des créatures périssables, dépourvues d’âme, et que seul l’homme est immortel, etc., mais c’est là un sujet, je pense, dont nous ne savons presque rien. Quoiqu’il en soit, ce palmier-là était impressionnant au delà des mots, et il m’a dit des choses plus importantes que je n’ai jamais entendu d’un prêtre de l’espèce humaine. »

Bonne lecture.